À Venise la situation chauffe les esprits
Venise, l’une des plus belles villes du monde, classée depuis 1987 au patrimoine mondial de l’Unesco, souffre énormément du tourisme de masse.
Venise, que l’on pourrait qualifier de fantastique musée à ciel ouvert, est-elle en passe de devenir un parc d’attraction, un Veniseland où l’on s’arrête quelques heures sans en savourer l’essence?
Les pouvoirs publics ont réfléchi à un moyen de réguler les entrées dans la cité des Doges. Des portiques ont été testés au printemps 2018. Finalement, c’est une taxe de débarquement qui a été mise en place à Venise.
« Aujourd’hui la contribution sur le débarquement à Venise est devenue une loi ! Nous allons étudier un règlement équilibré et participatif qui protègent les personnes qui vivent, étudient et travaillent sur notre territoire »
Luigi Brugnaro, maire de Venise
La taxe de débarquement à Venise
La loi budgétaire du 30 décembre 2018 autorise Venise à mettre en place une nouvelle taxe. Celle-ci s’appliquera à tous les voyageurs qui viennent à Venise pour la journée et qui n’y consomment rien ou presque mais qui laissent pourtant leurs marques en ville. Elle est censée financer le traitement des déchets et le nettoyage des rues. Elle se veut donc une alternative à la taxe de séjour déjà appliquée au niveau des services hôteliers et assimilés.
L’entrée en vigueur
Il y aura une phase transitoire en 2019, avec démarrage prévu au 1er mai et un tarif unique réduit de 3 euros. L’entrée en vigueur sera officielle le 1er janvier 2020.
Les tarifs
La taxe de base sera de 6 euros, qui pourront devenir 8 euros les journées dites rouges (bollino rosso) voire 10 euros, les journées noires (bollino nero). En cas de faible affluence, la contribution coûtera 3 euros (bollino verde).
A qui s’applique-t-elle?
La taxe de débarquement s’appliquera à toute personne qui accède à la cité historique de Venise ou aux îles mineures de la Lagune et sera valable jusqu’à minuit le jour-même.
Pour les touristes séjournant dans les alentours de Venise, le tarif sera de 3 euros au lieu de 6, les jours dits d’affluence « normale ».
Résidents, travailleurs, étudiants ne seront pas sujets à cet impôt.
« Les touristes ne sont pas des vaches à lait! Si on veut gérer les flux, il suffit d’éviter l’entrée des navires de croisières et le débarquement de leurs passagers. […] Ils disent que cela servira à gérer les flux alors que moi j’ai plutôt l’impression que ça sert juste à faire entrer du fric. […] De cette façon, on éloigne les touristes, qui sont la ressource principale de la ville »
Association de consommateurs Adico
Quelques catégories de personnes exemptes de la taxe de débarquement
- Personnes séjournant dans les structures réceptives situées sur le territoire communal
- Les résidents de la métropole vénitienne
- Les résidents de Vénétie
- Les personnes en possession de la carte Citypass « Venezia Unica »
- Les enfants de moins de 6 ans
Les personnes exemptes devront en apporter la preuve selon les modalités convenues en conseil municipal.
Les vecteurs via lesquels se paiera la taxe de débarquement
La normative veut que pour payer la contribution, il y ait accès, via n’importe quel vecteur (trains, lignes régulières, bus touristiques, taxis, petits avions de tourisme, location de voiture avec chauffeur…) aussi bien dans la ville historique que dans les îles.
Ces vecteurs devront ainsi recueillir la taxe. Ils seront tenus d’informer les touristes, délivrer un reçu de paiement et reverseront ensuite les entrées à la commune. En cas de non-respect des ces règles, les vecteurs s’exposent à des sanctions.
Sanctions en cas de non-respect
La sanction pourra aller de 100 à 450 euros pour les personnes qui ne paieraient pas la taxe de débarquement de Venise ou qui fourniraient de fausses informations en vue de l’exemption de paiement.
« Notre grand objectif est d’arriver en 2022 à une gestion complète des flux touristiques, c’est-à-dire au fait de pouvoir prévoir les arrivées. C’est seulement comme ça que nous réussiront à compter le nombre de personnes qui fréquente Venise. L’accès ne sera interdit à personne mais ce sera plus compliqué pour ceux qui n’ont pas réservé. Nous souhaitons de cette façon garantir un meilleur mode de vie aux habitants, et surtout aux résidents : c’est un travail devant servir à combattre le dépeuplement, une proposition concrète comme il n’y en a pas eu jusqu’à présent »
Luigi Brugnaro, maire de Venise
Venise est confrontée au problème du tourisme de masse, comme toutes les destinations accueillant des millions de touristes chaque année.
Cette mesure est censée réduire le nombre d’arrivée ou du moins le réguler, le prix étant un élément dissuasif pour certains. Peut-être qu’en payant cette taxe de débarquement, les touristes ne consommeront même plus une bouteille d’eau sur place? C’est vrai. Je ne pense pas que ça fera de plus gros dégâts que ce à quoi est confronté la ville aujourd’hui. Pour moi, on a touché le fond lorsqu’on a consenti aux paquebots de croisières de parcourir le Canal de la Giudecca ! Une folie environnementale!
Je me demande pourquoi un touriste qui reste la journée à Venise ou dans la Lagune ne paierait pas tout comme celui qui y passe la nuit ?
Dans les îles Éoliennes, les îles Borromées et l’île d’Elbe le processus est déjà en place, tandis qu’au sein du parc des Cinque Terre, le sujet est encore ouvert quant au comptage des entrées.
Pour préserver des réalités fragiles, il faut parfois prendre des décisions qui ne plaisent pas à tout le monde!
3 réflexions au sujet de “Fouler le sol de la Sérénissime va devenir payant”
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