Amiata en hiver, un territoire chaleureux niché au creux d’un ancien volcan
Notre voyage sur l’Amiata commence au début du mois de décembre, aux portes de l’hiver.
Les premiers froids sont installés depuis un moment. Dans la voiture, le chauffage peine à réchauffer l’habitacle et mes pieds (déjà gelés à cause des températures qui flirtent avec le zéro).
Quand on ouvre la vitre pour renouveler l’air, le parfum des genêts a été remplacé par l’odeur de la neige et des feux de cheminées.
Pourtant, le paysage n’en est pas moins beau à cette période de l’année : au loin la crête des Apennins est recouverte d’un beau manteau neigeux, au-dessus de la silhouette du bourg médiéval de Radicofani.
Je me demande si les chevaux sont au pré à cette période de l’année.
En respirant une bouffée d’air frais, je sens peu à peu un vrai bien-être m’envelopper. Nous sommes de retour dans ce coin de Toscane que j’aime tant.
Sur la gauche de la petite route que nous longeons à travers le Val d’Orcia depuis Buonconvento, le panneau indiquant le 43° parallèle est toujours là.
Plus loin sur la droite, l’épicerie qui prépare des « panini ai sapori di una volta » (comprenez des sandwiches aux saveurs d’autrefois) reste ouvert même en hiver.
Nous nous étions arrêtés à l’été précédent lors d’un séjour en Val d’Orcia ! Mais cette fois-ci, nous mangerons une fois arrivés sur l’Amiata.
Aujourd’hui notre destination est Santa Fiora, dans la province de Grossetto.
Depuis un moment déjà, la silhouette de la montagne se rapproche.
Parce que d’où qu’on arrive – du sud, du nord, d’est ou d’ouest – à un certain moment l’Amiata apparaît dans le lointain.
Sa forme conique, héritée de son passé volcanique, se reconnaît entre mille. D’aucuns la comparent à un sein esseulé, qui serait source de nourriture mais aussi de paix.
Et c’est indéniable : l’Amiata est une mère généreuse qui protège ses enfants.
Saints ou mineurs, bûcherons et éleveurs, les hommes de l’Amiata ont appris, de tout temps, à cohabiter avec les quatre éléments que sont l’air, l’eau, la terre et le feu.
À la fois, forts et fragiles, ces hommes de peu de mots n’ont jamais trichés sur leur identité. Ils se sont naturellement laissés inspirés et façonnés par cette terre magique.
C’est un endroit appelé la Toscane Ultime : le territoire de l’Amiata.
Il s’agit d’un territoire marqué par les mineurs.
Lorsqu’au début du XIXème siècle, avec l’industrialisation, on découvre le mercure, le destin de cette terre et de ses enfants est scellé.
Diverses mines vont peu à peu s’ouvrir sur le territoire : Morone, Siele, Abbadia et Cornacchino.
Tandis que leurs fermetures dans les années 1970 et 1980 ne s’est pas fait dans la douceur.
Malgré tout, les anciens mineurs, conservent forte leur appartenance à cette corporation.
Et tous les ans, à Santa Fiora, ils ne manquent pas de célébrer la Sainte-Barbe, protectrice des mineurs.
Un territoire de mineurs
L’Amiata en hiver, reste pour moi, associé au village de Santa Fiora où, en décembre, se déroulent deux processions associées au monde des mineurs.
Santa Barbara le 4 décembre
Christian mourait d’envie depuis plusieurs années de participer à la procession en l’honneur de Sainte-Barbe, la protectrice des mineurs (mais aussi des pompiers).
Cet hiver-là nous avons donc passé quelques jours en Toscane, au début du mois de décembre.
Nous retrouvons notre ami Simone, vers 10h30, au musée Miniere & Minatori sur la place principale de Santa Fiora.
Les anciens mineurs sont déjà là, à plaisanter comme au bon vieux temps.
La statue de Sainte-Barbe, portée par quatre hommes, quitte le musée où elle est gardée, un peu avant 11h du matin pour rejoindre l’église des Saintes Flora et Lucilla à quelques cents mètres de là par la petite rue en pente, via Carolina, où une messe sera célébrée en son nom.
Au sortir de l’église, la procession rejoint la place « Caduti per la Libertà » où le maire dira également quelques mots en l’honneur des mineurs.
La statue rejoindra ensuite le musée au terme de cette matinée de célébration.
Vient ensuite le moment pour les ex-mineurs de partager un repas et de fêter ce jour comme il se doit : avec de la bonne nourriture et du bon vin !
Nous avons eu la chance de nous joindre à eux et ce fut l’un des moments les plus chaleureux vécus au cœur de l’Amiata.
La Fiaccolata dei Minatori le 30 décembre
La première fois que j’y assiste, nous sommes fin 2014.
Mon premier voyage sur ce territoire remonte à juin, puis un second, d’un week-end à la mi-septembre.
Il a neigé les jours précédents, le thermomètre a touché les 6 degrés sous le zéro dans la journée mais le cœur est enveloppé d’une douce sensation de bien-être.
Les mineurs se sont activés toute la journée pour préparer la procession qui aura lieu à la tombée de la nuit.
Celle-ci démarre de la Peschiera en bas de la ville pour remonter jusque sur la place de la Mairie, où les gens des villages alentours attendent déjà en nombre l’allumage des fiaccole, ces énormes torches faites de troncs et placées au centre du village.
Pendant la procession, des arrêts de ravitaillement en vin et nourriture sont prévus tout au long du parcours.
Chaque étape propose du vin chaud et des spécialités de la Toscane populaire.
A la fin de la procession, celles-ci sont allumées et se consument petit à petit sous le regard émerveillé des plus petits comme des plus grands.
Fin 2019, nous y sommes retournés accompagnés de ma sœur et mon beau-frère : les températures, cette fois étaient plus clémentes et la foule était encore plus nombreuses.
Comme pour la Sainte-Barbe, les mineurs nous ont invités à leur table pour finir cette journée de fête autour d’un bon repas fait de pici (pâtes typiques de cette région), de charcuteries toscanes, de chants paillards et de rires sous le regard désespéré du prête de Santa Fiora!
Monte Amiata en hiver : les plaisirs de la neige
Cette année-là, le jour de mon anniversaire l’Amiata me fait le plus beau des cadeaux : la neige au réveil!
Il a neigé toute la nuit et après le petit-déjeuner nous découvrons Abbadia San Salvatore recouverte d’un fin manteau neigeux.
Car l’Amiata est aussi célèbre pour ses pistes de ski au-dessus d’Abbadia San Salvatore.
En effet, l’Amiata est célèbre parmi les Toscans, les habitants de l’Ombrie et du Latium pour les joies de la neige.
D’ailleurs les hôtels sont rapidement pris d’assaut entre décembre et février.
L’an dernier, en revanche, pas de neige mais ma sœur m’a invitée au Thermes de Saturnia pour une journée de détente.
Même un trente-et-un décembre, on peut prendre les eaux ! Et manifestement nous n’étions pas les seuls à avoir eu cette idée!
Mon carnet d’adresses
Amerigo Biancolini – « Panini ai sapori di una volta »
Via Cassia, 22-24 – Castiglione d’Orcia (SI)
Il Barilotto
Via Carolina, 24 – Santa Fiora (GR)
Je suis certaine que l’Amiata nous réserve encore de beaux séjours, en hiver… comme en été!
Et je n’ai qu’une hâte pouvoir y retourner…
Nous attendons de voir si ce sera le cas, cette année aussi!
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